A mi-chemin
Ici, tout s’arrête brusquement, les personnages voient soudain clairement, sans avoir une démarche vraiment réfléchie, leur vie incomplète, à demi-ratée, du moins loin de celle rêvée. Un passé qui ressurgit, des plombs qui sautent dans des vies bien calibrées, des souvenirs qui refont surface, dans "A mi-chemin" les nouvelles de Sam Shepard sont constituées de ces écarts qui éloignent du quotidien et font basculer une vie. Et ce sera souvent un mot, un fait quotidien qui sera le déclencheur de cette prise de conscience et du choix à faire à partir de cette constatation. L’humour n’est pas absent, au contraire, et je me rappelle précisément la nouvelle intitulée "C’était pas Proust", un délice !
"A mi-chemin" me fait penser à Raymond Carver, dans cette même veine, mais c’est du Shepard, différent pourtant de ses pièces de théâtre. Shepard écrit ici avec beaucoup d’émotion, par touches sensibles, montre la tendresse et l’amour, comme la violence ou le désespoir. Car de cet américain-là, je ne connaissais que son univers théâtral : une passion déjà bien ancrée pour ses mots jetés violemment, ses répliques intenses. Je découvre ici autre chose, une émotion moins violente mais qui fait mouche, puissamment.
Titre : A mi-chemin | Auteur : Sam Shepard | Editeur : Laffont | Thème : Littérature américaine - (zazieweb 17/02/2005)