La porte
Un livre lent, lent… comme la vie de Sôsuke et O-Yone à Tokyo. Divinement écrit en 1910, Sôseki (qui a à peine modifié son nom pour le donner à son personnage principal) y décrit la vie monotone d’un jeune couple pris entre la modernité du monde du travail où Sôsuke revêt le costume occidental, et la vie traditionnelle japonaise où il peut enfin remettre son kimono dès qu’il rentre chez lui. Un couple replié sur lui-même, qui rejette la vie sociale, et que la société rejette par manque d’argent d’abord, par manque d’envie aussi.
Les portes qui s’ouvrent sous le nez de Sôsuke, il ne tentera même pas de s’en approcher : l’idée vient, le passage à l’acte est impossible. La seule qu’il tente d’ouvrir est celle de la doctrine Zen, parti dix jours en retraite dans un temple, mais là aussi, la porte reste close.
Les personnages de Sôseki sont résignés, incapables d’aller plus loin que l’idée d’un désir, et l’on découvre peu à peu les remords qui les paralysent, les inhibent totalement, remords qui ne laissent aucune chance à la vie d’avancer.
Bien qu’un brin déprimant, c’est malgré tout un livre extrêmement prenant, où se mêle le réalisme psychologique de ces personnages au début du XXe siècle japonais, et où le talent de Sôseki, un des plus grands écrivains contemporains nippons, le parsème de touches très poétiques.
Titre : La porte | Auteur : Natsume Sôseki | Editeur : Philippe Picquier | Thème : Littératures asiatiques - (zazieweb 30/03/2004)