Récits de la paume de la main

Alors là, je découvre et j’en reste émerveillée : Kawabata nouvelliste ! Et j’étais passée à côté sans le lire. Cela aurait dû être pourtant une évidence : tant de précisions sur un détail d’apparence sans importance mais qui symbolise un sentiment puissant, d’émotions peintes en quelques mots qui construisent et donnent corps à ses romans ("Pays de neige", "Les belles endormies", "Nuées d’oiseaux blancs"…) autant d’indices qui auraient du me mettre sur la piste.
Des 175 nouvelles qui ont été publiées entre 1921 et 1964 dans des revues ou des quotidiens, soixante sont regroupées sous le titre de "Récits de la paume de la main". C’est beau, et c’est à couper le souffle tant les thèmes, le style, les récits sont différents et forment pourtant un ensemble homogène. Des souvenirs de jeunesse côtoient des rêves, des récits de vie quotidienne voisinent des histoires de morts…

Difficile d’extraire un texte plus qu’un autre, je les ai tous aimés. Pour jouer le jeu j’avancerai "Celle qui va au feu" (récit d’un rêve d’un amour fini), "Le visage de la morte" (sublime métamorphose du visage de la femme décédée sous les doigts de son mari), "L’enfant qui frappe" (très tendre, surprenant), "L’été et l’hiver" (sur les conditions de la femme) et le très beau "Immortalité" (promenade de fantômes).

On est surpris aussi par l’emploi du "je" dans certains textes de ce recueil, que Kawabata "déteste", mais utilise tout de même pour être plus vrai. Il explique que ces récits-là ont été "créés poétiquement comme symboles de la compassion et de la liberté".

Titre : Récits de la paume de la main | Auteur : Yasunari Kawabata | Editeur : LGF | Thème : Nouvelles  -  (zazieweb 20/05/2003)