Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lire au jardin... ou ailleurs
Lire au jardin... ou ailleurs
Lire au jardin... ou ailleurs
Visiteurs
Depuis la création 119 356
Newsletter
12 octobre 2010

Quartier perdu

quartier_perduEn relisant Modiano, il m'apparait comme une évidence que son univers est très proche de celui de Yasunari Kawabata : nostalgie, sensibilité, recherche de la jeunesse perdue, travail sur la mémoire, dans des lieux géographiques et historiques différents mais qui sont des transitions fortes et apparaissent comme deux mondes dont les auteurs ont été violemment coupés : occupation et après-guerre pour Modiano, ancien régime japonnais pour Kawabata. Et, bien sûr, également une brisure familiale qui bouleversera leur jeunesse et dont ils ne cesseront de poursuivre les fantômes. Une ressemblance qui se traduit dans l'écriture, leur façon de créer ces ambiances flottantes entre deux mondes.

Dans "Quartier perdu", c'est un retour en arrière de 20 ans que fait le narrateur, Ambroise Guise, lorsqu'il arrive à Paris dans la chaleur étouffante d'un mois de juillet, au temps où il s'appelait Jean Decker et qu'il faisait ses "débuts dans la vie". Il avait du fuir Paris, changer d'identité, couper tous les ponts avec ses anciennes fréquentations. Mais ce passé qu'il redoute d'affronter va ressurgir, ce quartier oublié va revivre avec ses personnages mystérieux, cette femme aimée, la vie nocturne, une chambre secrète...

Le jour filtrait à travers les persiennes de sa chambre. Et l'on entendait encore les oiseaux.
- Ils sont terribles, ces oiseaux. Ils auront ma peau, tu sais...
L'angoisse figeait à nouveau son regard. Moi, au contraire, cela me berçait d'entendre le chant des oiseaux...
Elle était allongée et rapprochait son visage du mien. Elle me fixait de ses yeux clairs, sans rien dire. La contraction de la bouche s'effaçait et peu à peu ce visage devait aussi lisse, aussi rayonnant que celui de la fille de la photo de d'Eden-Roc, peu à peu, comme quelque chose qui remonterait doucement - odeur de menthe ou feuilles de nénuphars - à la surface des eaux tranquilles d'un étang.

Auteur : Patrick Modiano - Titre : Quartier Perdu - Editions Gallimard

Publicité
Publicité
Commentaires
Derniers commentaires
Publicité
Archives
Publicité