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Lire au jardin... ou ailleurs
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22 février 2011

Le tout sur le tout

728983_2873790C'est le Paris populaire, celui où Henri Calet est né, où il a toujours vécu, plus particulièrement le 14ème arrondissement, entre 1905 et 1948. C'est le Paris des petites gens, des magouilles pour s'en sortir, des métiers simples, disparus aujourd'hui, le Paris de la misère mais pour autant sans aucun misérabilisme de la part de l'auteur, le tout plutôt  dans un ton léger, toujours un peu décalé.

Comme ce passage incroyable où il raconte son arrivée à Paris, encore foetus dans le ventre de sa mère, qui passent donc ensemble les premiers jours de leur arrivée en prison parce que sans billet de train, son père, anarchiste et fricoteur de première, ayant pris la fuite en arrivant à Paris en leur souhaitant bonne chance ! De la très précoce préventive pour lui, dit-il, au cas où.

D'un métier à un autre (tous impossibles, comme ceux de son père qui fut au moins une journée conducteur de tramway), Henri Calet est connu surtout en tant que journaliste résistant pendant la deuxième guerre pour "Combat". Il a 40 ans lorsqu'il se pose pour écrire ce livre dont Paris est le personnage principal, le deuxième personnage étant l'auteur lui-même, les deux intimement liés. C'est un très beau livre où l'on retrouve toujours l'humour léger de l'auteur, sa sensibilité à fleur de peau et sa nostalgie.

Lorsque je lisais ce livre, en parlant de lecture en général, un de mes cousins m'a demandé si je lisais parfois à haute voix, et, à ma réponse négative, me conseillait de le faire, de le tenter au moins. Il m'arrive de lire des extraits, des passages que j'aime particulièrement et que je veux faire partager, mais lire, seule, à voix haute, je ne l'avais jamais fait, tant la lecture est affaire intime. Le lendemain, l'occasion d'être seule se présentant, je me suis dit que je pouvais tenter l'expérience d'une ou deux pages. Et je me suis prise au jeu, j'ai lu un chapitre entier du "Tout pour le tout", je n'ai pas vu le temps passé et c'était exaltant, emportée par le rythme de l'auteur, une sensation particulière de participer, de vivre un peu soi-même ce texte.

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Extraits :

"Mais, une fois encore, je ne me propose point de consigner ici toute ma vie. C’est bien harassant de refaire plus de quarante ans pas à pas, je voudrais dire : contre la montre, mais je ne suis pas sûr du sens de cette locution sportive. On risque d’ailleurs de se piétiner un peu soi-même, sans le vouloir, de se marcher sur le corps, sur le cœur, et de se faire du mal, inutilement."

"Je devrais avoir de l’expérience plein la bouche, autant que des cheveux blancs sur la tête. Et pourtant, j’ai vieilli sans bien avoir compris les choses et les gens. Non, je ne sais rien. A peine, saurais-je faire une division. Je ne connais plus le système métrique, ni le système planétaire. Je ne pourrai rien dire sur le soleil ou sur la lune, ni pourquoi ils sont là, ces astres. Je vois bien qu’une journée passe et que la nuit lui succède, mais je suis empêché d’expliquer comment l’une glisse sur l’autre. "

Auteur : Henri Calet - Titre : Le tout sur le tout - Editions Gallimard l'Imaginaire

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Commentaires
L
Ah, "La belle lurette", si tu l'as dans ta bibliothèque, je m'inscris pour un prêt prochain :-)
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C
J'ai commencé la lecture et retrouve avec bonheur, la langue, les images d'Henri Calet de la Belle lurette.
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