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Lire au jardin... ou ailleurs
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6 mai 2011

Les Vases Communicants

C'est dans le contexte des Vases Communicants* que s'inscrivent ces textes de Paumée et Lireaujardin. Brigitte et moi avons échangé nos supports et avons choisi un thème commun :  L'apprentissage ou la découverte de la lecture dans notre enfance.

Vous trouverez la liste des participants aux Vases Communicants ici. Si vous êtes curieux, allez-y, cliquez, lisez, mettez des commentaires, il y a toujours de belles surprises dans ces échanges-là !

* " Tiers Livre et Scriptopolis sont à l'initiative d'un projet de Vases Communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre."

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On dirait que :

nous sommes toutes les trois face à lui, et pleines d'amour fraternel, nous le titillons, le moquons, lui rappelons, ressassons :

grand-mère et petit-fils, pour le père de passage, jouent les tranquilles progrès – elle, les contemplant, son fils et le « trésor », se trompe de page – avec conviction il récite le texte convenu, appris et absent.

 

DSC06470On dirait que :

il décide de faire attention à nous – la main et la voiture marquent un arrêt sur le carrelage -

une bouillie de mots véhéments. Nous traduisons : « et vous alors ? » - l'est drôle, en colère.

 

On dirait que :

la brune parle avec flamme d'une maîtresse, la blonde de sa grand-mère, l'autre, celle qui lui ressemble.

 

On dirait que :

j'ouvre le bec, je regarde mes pieds, j'essaie de regarder mon nez, je dis que je ne sais pas, que c'est idiot, que j'ai toujours su lire, que comme j'en avais besoin et grande envie j'ai lu, que c'est comme nager - je n'ai pas appris, pas besoin, je flottais.

 

On dirait que :

ils rient et disent que ça se voit que je n'ai pas appris à nager.

je tourne le dos, les laisse, les petits, et reprend la lecture d'un roman chipé dans la bibliothèque maternelle, saga nordique, livre fatigué par des voyages, avec un petit encadrement vert qui est le signe de la collection – et j'espère qu'elle l'a oublié parce que j'ai fait une tache de chocolat – je ne comprends pas tout – c'est merveilleux.

 

Je ne dis pas que :

je pense à ce jour où j'ai trouvé des mots, dans un livre, qui étaient le goût, le mouvement, de ce qu'ils racontaient – je pense que j'ai senti que lire comme cela, trouver cela, c'était ce que je voulais – je pense que j'ai su qu'il fallait apprendre à lire – je pense que apprendre m'ennuie un peu – je pense que je cherche, que je n'aurais jamais fini, et que c'est joie, ou pas joie mais effacement de tout, quand je suis dans des mots, un rythme, qui sont vrais.

Je pense que là, je ne les ai pas trouvés. Mais j'espère que c'était mignon, ou je le crains.


 

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Commentaires
L
Totalement émue par ce très beau texte... <br /> Chercher, toujours chercher, encore et encore, se perdre et s'oublier pour mieux se trouver...
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K
"on dirait que on dirait que je ne dis pas que je pense que je pense" ça ânonne comme un B a Ba ce rythme. Judicieux.
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D
Brigetoun, impunément, lit, a lu et lira : ce qu'elle en dit reflète ce vice renouvelé avec art.
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B
je bisse
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L
merci... pour toutes les deux...
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