L'amour

Enigmatique histoire d'amour, intensité extrême de ce texte court, "L'amour" reflète l'image vacillante de trois personnages, une femme et deux hommes, qui semblent évoluer dans des cercles concentriques autour et dans S. Thala, ville terriblement calme mais qui peut s'embraser sans prévenir. On ne saura pas ce qu'il s'est réellement passé, on imagine une séparation ancienne, un crime, un amour perdu.

L'impression parfois de se trouver transporter dans l'île de "L'invention de Morel" d'Adolfo Bioy Casares, et de croiser ces personnages projetés, fantomatiques, irréels. Une fois encore, la magie de Duras agit et on est happé par cette étrange histoire (qui peut pourtant tout à fait déstabiliser ceux qui rechercheront une explication cartésienne).

Etrange pouvoir des mots, de ce qu'ils peuvent évoquer, de leur puissance.

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Extrait :

Elle ouvre les yeux. Elle le voit, elle le regarde. Il se rapproche d'elle. Il s'arrête. Il demande : - Qu'est-ce que vous faites là... il va faire nuit. Elle dit qu'elle regarde : - Je regarde. Elle montre devant elle la mer, la plage, la ville blanche derrière la plage, et l'homme, qui marche le long de la mer. Elle dit : - Ici c'est S. Thala jusqu'à la rivière. Et après la rivière c'est encore S. Thala.

Auteur : Marguerite Duras - Titre : L'amour - Editions Gallimard

Comments

[lireaujardin]

"et la même chose"... lire "est la même chose", bien sûr !

[lireaujardin]

Magnifique India Song, mais ce que vous décrivez comme effet que produit ce film et la même chose pour moi avec ses livres : hors du temps, ailleurs, par l'action (ou la non-action), l'ambiance, et pourtant évocation de sentiments si vrais... l'absence, la souffrance, la passion, l'attente ou l'amour...

[Roberto]

J'ai plus d'appétence pour ses films (et films adaptés) que pour son écriture. India Song m'anesthésia, en ce sens qu'il me plongea dans quelque volupté béate, éthérée et hors de l'instant et du lieu (le cinéma) où je me trouvais.

[brigetoun]

sensible, toujours, sensible bien sûr