Avignon à vie - Festival Avignon 2011
"... car tous ces corps sont lourds comme tous les corps remplis de peine et de tristesse et c'est pour ça que nous rentrons aux Célestins et c'est pour ça que nous rentrons à Benoït-XII et c'est pour ça que nous rentrons aux Carmes et c'est pour ça que nous rentrons dans la Cour d'Honneur dans la Cour d'Honneur dans la Cour d'Honneur dans la Cour d'Honneur par milliers c'est pour ça que ces artistes que nous aimons tant ces artistes adorés ces artistes pauvres comme nous mais formés pour ça prennent enfin un peu de notre peine arrachent de nos coeurs regrets chagrins mélancolie et solitude et qu'ils nous allègent nous allègent un instant allègent nos corps lourds voilà voilà pourquoi nous tous artistes spectateurs et critiques nous venons suer sang et eau chaque année voilà pourquoi comme des boeufs déshydratés et pathétiques nous remontons l'avenue de la République sous le soleil pour apercevoir dans la nuit les quelques grammes d'or que promet parfois le théâtre ces quelques grammes je les ai vus ils existent je les ai vus oui dans l'air un soir tout en haut tout en haut tout en haut tout en haut de la Cour d'Honneur légers."
Un texte ardent, enflammé d'amour pour le théâtre, de Pascal Rambert, commandé par France Culture, et qui était lu par Denis Podalydès jeudi dernier dans la cour du Musée Calvet. Si vous n'avez pas pu vous y rendre, vous pouvez vous procurez le livre édité par les Solitaires Intempestifs, une cinquantaine de pages exaltantes qui relatent le voyage en TGV de Paris à Avignon, les (non-)rencontres que l'on y fait, les sensations du voyage, les souvenirs des premières fois au Festival, l'arrivée en gare d'Avignon, la fébrilité à la vue d'acteurs admirés croisés devant la Civette... un long poème entrecoupé de textes entre parenthèses qui le ponctuent et en accentuent le rythme. Pascal Rambert est auteur, acteur, metteur en scène et Directeur du Théâtre de Gennevilliers.
Le TGV descendait. Dans les toilettes
Je jetais de l'eau sur mon visage pâle
Furtivement au miroir passaient dédales
De la pensée souvenirs et amulettes
Du passé. Oui comment peut-on aimer autant.
Quel est ce grand amour qui en nous résonne.
Tant de fidélité et tant d'attachement.
Avignon je t'aime comme une personne.
Titre : Avignon à vie - Auteur : Pascal Rambert - Editions des Solitaires Intempestifs