Correspondance 1923-1941 - Vita Sackville-West et Virginia Woolf

Je m'en faisait d'avance un plaisir, de ces rencontres dont on est sûr de ne pas être déçu. Deux ingrédients majeurs : la correspondance, une forme que je prise particulièrement, et Virginia Woolf dont les écrits me fascinent tant.

18 ans de correspondance entre ces deux femmes écrivains au caractère si différent, une passion amoureuse et une amitié qui durera jusqu'à la mort de Virginia Woolf. Les premières lettres décrivent leur rencontre, leur amour mutuel. En 1923, Vita affiche son goût des femmes et Virginia, quant à elle, passe pour frigide. Mais c'est avec une liberté absolue dans cette Angleterre pudibonde, qu'elles échangent les sentiments les plus divers : passion, sensualité, jalousie, dispute... aussi bien que leurs considérations littéraires.

Un petit bémol pour moi, concernant les lettres de Vita Sackville-West sur ces voyages en Perse et qui finissent par plomber le livre : à plusieurs reprises, Virginia reproche à Vita sa correspondance "creuse", et c'est aussi ce que j'ai ressenti, un ennui latent à ces descriptions cartes postales ou petit quotidien lassant. Du coup, à ces moments-là, l'écriture de Virginia ne prend pas son envol non plus.

Puis on retrouve leur vivacité d'écriture, l'élaboration de leurs oeuvres réciproques avec, par exemple, la genèse du livre de Virginia Woolf, "Orlando", qu'elle écrira pour Vita Sackville-West, jusqu'à la dernière partie du livre dans une Europe qui se prépare à la guerre (1938) puis s'y perd.

Très belle correspondance qui renseigne aussi bien sur leurs auteures que sur leur époque, passionnant.

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Extrait :

"Oh espèce de scandaleuse traîtresse ! Venir jusque chez moi et prendre la poudre d'escampette ! Quand la cuisinière est montée me porter votre lettre et vos fleurs et votre jardin en me racontant qu'une dame avait arrêté un petit garçon dans le village pour lui confier tout cela, j'ai été prise d'une telle fureur que je me serais pour un peu jetée à votre poursuite en robe de chambre...". de Virginia Woolf 1925 Sussex

"Est-ce que les vêtements de soie légère et le hâle te rendent envieuse ? Non, sûrement, espèce de scélérate, tu préfères de beaucoup ton vieux Gloomsbury plein de brume et tes squares londoniens. Je suis en proie au désir de voler Virginia, - de la voler, de l'emporter loin, de la mettre au soleil parmi les objets mentionnés alphabétiquement plus haut..." de Vita Sackville-West 1926 Louxor.

Auteures : Virginia Woolf/Vita Sackeville-West - Titre : Correspondance 1923-1941 - Edition Cosmopolite Stock

Comments

[lireaujardin]

Je sais Dominique, c'est d'ailleurs grâce à ta critique sur ton blog que j'ai découvert cette correspondance et ça n'a pas de prix... sourire...
Je met le lien ici pour ceux que ça intéresse : http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2011/03/07/correspondance-virginia-woolf-vita-sackville-west.html

Le passage des lettres de voyage de Vita a ralenti ma lecture, c'est vrai, mais ce n'est rien par rapport à tout ce qu'apporte ce livre, la beauté des sentiments, le travail de l'écriture.

[Dominique]

Je n'ai pas éprouvé cette difficulté à la lecture des lettres de voyage de VSW car elle a un indéniable talent de conteuse, bien sûr ce n'est pas VW mais quand même !
une belle correspondance au final

[brigetoun]

envie - tant envie