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9 octobre 2011

Fleurs de ruine

fleursruineSorti en 1991, "Fleurs de ruine" a été mon premier contact avec Modiano, et je ne peux pas dire que cela a été une réussite. Je ne comprenais pas, je ne comprenais rien. J'avais l'impression de lire une suite d'adresses, de noms, de numéros de téléphone, un plan de Paris, et j'ai abandonné ma lecture au bout de quelques pages.

Depuis j'ai lu et relu Modiano, celui-ci et tant d'autres, et son univers m'est désormais indispensable. Chaque livre est un bonheur de lecture, et je me rends compte maintenant, en relisant une fois encore celui-ci, que ces petits livres ne se donnent jamais du premier coup, que l'on croit avoir tout saisi et pourtant chaque nouvelle lecture apporte un éclairage supplémentaire.

Chaque livre fait référence à d'autres, on retrouve des personnages, des lieux, des situations à peine ébauchées mais que l'on a lu bien développées dans un autre roman. L'univers de Modiano est un croisement sans fin d'histoires louches, d'innocence de la jeunesse, de rencontres étranges et de recherche du passé. Les époques différentes, de la collaboration pendant la deuxième guerre mondiale, de sa jeunesse dans les années soixante, du temps actuel de la narration, se succèdent et s'empilent comme un mille-feuille.

Dans "Fleurs de ruine", Patrick Modiano marche dans le Paris de sa jeunesse, se souvient au fil des rues, et revit des moments de sa vie, essaie de résoudre des énigmes, celle du passé de son père, toujours, celle d'un étrange double suicide d'un jeune couple et celle de l'identité véritable de Pacheco, personnage trouble. Une silhouette féminine dans un rayon de soleil l'interpelle et peut le distraire momentanément de sa recherche "A quoi bon tâcher de résoudre des mystères insolubles et poursuivre des fantômes, quand la vie était là, toute simple, sous le soleil ?". Puis, inlassablement, il nous entraîne à nouveau dans ces mystérieuses pérégrinations au cœur de Paris. Superbe.

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Extrait :

"Je n'avais pas quitté la fenêtre. Sous la pluie battante, il a traversé la rue et il est venu s'appuyer contre le mur de soutènement de l'escalier que nous avions descendu tout à l'heure. Et il restait là, debout, le dos appuyé contre le mur, la tête levée en direction de la façade de l'immeuble. L'eau de pluie s'écoulait sur lui, du haut des escaliers, et sa veste était trempée.Mais il ne bougeait pas d'un millimètre. Il s'est alors produit un phénomène auquel j'essaie aujourd'hui de trouver une explication : le lampadaire qui éclairait, de haut, l'ecalier s'est-il éteint bursquement ? Peu à peu, cet homme se fondait dans le mur. Ou bien la pluie, à ofrce de tomber sur lui, l'effaçait comme l'eaudilue une peinture qui n'a pas eu le temps de se fixer. J'avais beau appuyer mon front contre la vitre et scruter le mur gris sombre, il n'y avait plus trace de lui. Il avait disparu de cette manière subite que je remarquerai plus tard chez d'autres personnes, comme mon père, et qui vous laisse perplexe au point qu'il ne vous reste plus qu'à chercher des preuves et des indices pour vous persuader à vous-même que ces gens ont vraiment existé."

Auteur : Patrick Modiano - Titre : Fleurs de ruine - Editons du Seuil

 

 

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Commentaires
L
Le même phénomène m'est arrivé avec Pierre Bergounioux : je restais à la porte de son univers, je sentais pourtant que je pouvais y trouver quelque chose de fort mais je n'avais pas la clé. C'était assez frustrant. Et un jour, un de ses livres s'est éclairé pour moi, le début d'un bonheur... sourire...
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R
Je ne connais pas ce Modiano là, mais j'ai connu aussi ce sentiment d'étrangeté à certaines premières lectures. La relecture, plus tard, fut une (bonne) découverte. Un intéressant éclairage sur Modiano dans Google books, par Alan Moris.
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