Interdiction absolue de toucher les filles même tombées à terre
Il faut entrer dans le jeu et se laisser porter, emporter, par les mots de Claude Favre, lire sans coupure son poème pour en ressentir la puissance, l'élan.
Dans cette longue chute des filles, on sent l'urgence d'écrire, la puissance des mots, les hachures saccadées qui rythment les images que ces mots nous évoquent : des filles au quotidien, des filles en détresse, des filles bousculées par la vie, des filles de tous les jours...
Un livre que l'on lit recto/verso, et sur l'autre côté, un très beau texte d'Eric Pessan, inspiré par ce long poème, qui reprend la chute d'une des filles et en prolonge l'existence.
Ce sont toujours de belles découvertes, ces petits livres de Cousu main, dont les couvertures sont créées par la photographe Geneviève Gleize.
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Extrait :
Tombent avec des mots.
Des étourneaux de mots de mots de,
ramdam.
Passionnément, pour un rien, comme
ça, et à tomber qu’on s’habitue à
les entendre.
Bruit de leurs mots qui dévalent.
Bosses de mots.
Mal tombées à l’homme, des fois.
Le bruit, l’écrasement.
Si pâles.
Bouche ouverte.
Des fois, d’excuse amstramgram sans
un mot. Pour un peu fallait pas.
Des fois, y en a qu’une qui tombe
en un long silence. Précisément.
Auteur : Claude Favre & Eric Pessan - Titre : Interdiction absolue de toucher les filles même tombées à terre - Editions Cousu main