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Lire au jardin... ou ailleurs

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17 juillet 2018

Rien où poser sa tête

rien-ou-poser-sa-tetePolonaise et juive, ayant fait ses études à Paris, Françoise Frenkel a monté et tenu de 1921 à 1939, la première librairie française à Berlin, jusqu’à ce que ce ne soit plus tenable et qu'elle soit contraint de quitter l'Allemagne.
C’est l’exode, à Paris d’abord, puis Avignon, Vichy et Nice pour fuir la France de Pétain. Puis les tentatives de passages en Suisse.
Françoise Frenkel raconte, sans une plainte, parfois avec humour, dans une écriture vive et très moderne, la prison, les rafles, son parcours, mais aussi tous ceux qu’elle a croisés, des collabo, des justes ou des gens ordinaires.
Un livre sorti une première fois en 1945 en Suisse, et redécouvert et publié en France en 2016 je crois, on le trouve en poche maintenant.
A noter, une préface de Patrick Modiano qui rajoute du plaisir à cette superbe lecture.

Extrait (1er chapitre) :

"Souvenir de l'apparition d'un chef à la face de robot, face où la haine et l'orgueil étaient si profondement marqués qu'elle était morte à tout sentiment d'amour, d'amitié, de bonté ou de pitié... Et autour de ce chef à la voix hystérique, une foule fascinée capable de toutes les violences et de tous les meurtres ! Vision de la naissance de cette monstrueuse et toujours grandissante termitière humaine qui s'étalait rapidement dans tout le pays avec un sinistre grincement de métal, termitière à l'incalculable potentiel de forces collectives."

Françoise Frenkel - Rien où poser ma tête - Edition Gallimard

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2 novembre 2015

Poisson d'or

poisson d'orJe termine poussivement ce "Poisson d'or" qui me glisse entre les mains. Rien à faire, je n'ai pas accroché. Trop lisse, trop plein de bonne volonté, trop mou. Il faudra que je revienne à Le Clézio par un autre chemin, tenter à nouveau d'entrer dans son univers. Celui-ci me laisse sur ma faim. Je me souviens pourtant d'avoir lu et aimé un des ses livres, mais il y a longtemps et j'en ai perdu le titre (c'était avant l'ouverture de mon blog, ma "mémoire" :-) ).

Extrait (première page) :

Quand j'avais six ou sept ans, j'ai été volée. Je ne m'en souviens pas vraiment, car j'étais trop jeune, et tout ce que j'ai vécu ensuite a effacé ce souvenir. C'est plutôt comme un rêve, un cauchemar lointain, terrible, qui revient certaines nuits, qui me trouble même dans le jour. Il y a cette rue blanche de soleil, poussiéreuse et vide, le ciel bleu, le cri déchirant d'un oiseau noir, et tout à coup des mains d'homme qui me jettent au fond d'un grand sac, et j'étouffe. C'est Lalla Asma qui m'a achetée.

JMG Le Clézio - Poisson d'or - Edition Gallimard

20 octobre 2015

Nom de Dieu !

nom-de-dieu-451583-250-400Comment Baptiste, fervent chrétien, père de famille, voit sa vie basculer dans une série de catastrophes qui semble ne jamais devoir s'arrêter. Tombant de Charybde en Scylla, il entame une longue descente qui le mène au doute et à la colère, jusqu'à vouloir régler ses comptes avec son Dieu. Des passages très drôles, d'autres un peu mièvres. Ca se lit bien même si le niveau est inégal sur la longueur.

Dans le même registre, le rapport à Dieu et la façon de l'interpeler, lire plutôt "La lamentation du prépuce" de Shalom Auslander : caustique, profond, inoubliable !

Extrait :

C'est en voyant son mari à genoux, priant en caleçon et chaussettes sur la descente de lit, que Constance se surprit à penser qu'un homme pieux, ce n'est pas très sexy.

Nom de Dieu ! - Philippe Grimbert - Edition Grasset

20 octobre 2015

L'ogre

l_ogreLorsque je tombe par hasard - là une vente de livres d'occasion - sur un livre aussi beau, aussi fort, et que je ne connaissais pas alors qu'il est sorti en 73 (et avait reçu le prix Goncourt de cette même année !), c'est un moment merveilleux. Savoir que le réservoir de bons livres non seulement se remplit sans cesse, mais aussi que, comme pour le fond de l'océan, nous n'en connaissant que très peu, nous n'aurons le temps de n'en lire qu'une infime partie, cela laisse la place à un infini inépuisable.
Chessex pourtant, je connaissais son physique, sa présence lors d'émission télévisée ne passait pas inaperçue, mais ses livres non, jamais. Quelle erreur !

L'ogre est un livre puissant, sur la présence imposante d'un père autoritaire, castrateur. Le livre débute à la mort du père, qui loin de libérer le fils, Jean Calmet, l'écrase davantage. Au coeur du livre, au coeur du désespoir, s'ouvre un chapitre lumineux, avec l'arrivée de la Fille au Chat c'est la découverte de l'amour, de la sensualité. Pas suffisant pour sauver le narrateur pourtant.
L'écriture est splendide, grandiose. On a envie de lire à voix haute pour en apprécier toute la force.

Extrait :

Il y eut la rentrée de janvier.

Des conférences pédagogiques, des piles de versions à corriger. L'ennui plat.

Un mois passa. Rien à dire. Puis ce fut le 21 février, et Jean Calmet rencontra la Fille au Chat.

Alors il put croire que l'esprit de Dionysos entrait en lui.

Jacques Chessex - L'ogre - Edition Grasset

30 septembre 2013

Les demeurées

les demeuréesUn roman court et puissant, une écriture poétique... comblée je suis. Deux femmes et une enfant : les demeurées - la mère et la fille - et l'institutrice. L'isolement au monde de la mère et l'enfant, leur amour silencieux et intense, leur refus de tout contact afin de se protéger... et l'institutrice bienveillante, le savoir imposé qui peut détruire lorsqu'en face la peur d'apprendre est la plus forte.

Extrait :

On l'appelle La Varienne, qui sait pourquoi ! La petite, c'est Luce. Un cri d'oiseau dans le matin, qui monte tout droit et s'oublie dans le ciel. Luce. Le nom lui fait dresser le cou un peu hors de la blouse sombre, le nom de sa petite, niché là entre la nuque et le pli du col, une place hasardeuse. Allez savoir pourquoi ce nom, a-t-on dit. Mais elle l'avait crié, elle, le jour où de son sang, de son ventre, la petite avait crié.
Luce. Et on a beau rire, on a respecté la voix aux accents si graves qu'elle bourdonne aux oreilles bien après s'être tue, une voix qui rumine. Luce est un nom, un vrai. La petite est.

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27 septembre 2013

Le pont sur la Drina

le pont sur la DrinaJe ne connaissais pas Ivo Andric, pourtant prix nobel, je le découvre donc avec "Le pont sur la Drina", épopée historique qui couvre quatre siècles dans la ville de Visegrad, en Bosnie-Herzegovine. L'histoire du pont construit sur la Drina, et qui relie la Bosnie à la Serbie, mais aussi l'Orient à l'Occident, est aussi celle de cette région où se sont suivies guerres et occupations. Ivo Andric mèlent ainsi la vie quotidienne des habitants de Visegrad à la grande Histoire.

Passionnant, très bien écrit, on découvre cette partie de l'Europe, si proche et pourtant généralement mal connue de nous, la cohabitation des cultures, des communautés, les déchirures.

"Le pont sur la Drina" est en cours d'adaptation cinématographique par Emir Kusturica.

Extrait :

"Dès qu'un gouvernement ressent le besoin de promettre par voie d'affiches la paix et la prospérité à ses administrés, il convient de se méfier et d'en attendre tout le contraire."

25 septembre 2013

Lecture & rencontre - Rogue waves & Continuité du désastre de et par Daniel Labedan

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Daniel Labedan est éditeur (Editions Les Etats Civils), on lui doit la parution de beaux ouvrages comme "Les âmes inquiètes" de Marco Ercolani & Lucetta Frisa qui m'avaient bouleversé l'an dernier.

Il est aussi écrivain, et il viendra présenter et lire des extraits de son nouvel opus "Rogue waves & Continuité du désastre" dans ce lieu où les lecteurs avignonnais aiment flaner à la recherche de la perle rare (en fait il y en a tant !), la librairie La Mémoire du Monde, ce vendredi 27 septembre à 19h.

Présentation extraite du site Librairie-PACA.com :

27 septembre - Daniel Labedan

Rencontre et lecture par Daniel Labedan de ses textes Rogue waves  & Continuité du désastre,  [Editions les Etats civils].

Rogues waves ou vagues scélérates  : vagues colossales qui n'obéissent pas aux règles communes de calcul, et qui, par leur puissance arrivent à couler de très gros navires...Continuité du désastre  : témoignages, réels ou fictifs, sur la fermeture des mines dans une petite ville galloise durant la période Thatcher...

vendredi 27 septembre à 19h00 - [entrée libre]
36, rue Carnot
84000 Avignon
24 septembre 2013

Conférence Isaac Lewendel au Théâtre des Halles Avignon le 28 septembre 2013

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Pour en savoir plus, le Théâtre des Halles nous donne l'occasion d'entendre Isaac Lewendel et Bernard Weisz pour une conférence intitulée "1942-1944 Survivre dans le Vaucluse", ce samedi 28 septembre à 20h30. Si Isaac Lewendel est né à Avignon, il est installé depuis longtemps aux Etats-Unis, visites par les faits plus rares, et donc à apprécier.

Ce qu'en dit le site du Théâtre des Halles :

VAUCLUSE 42-44 : La mort promise aux Juifs persécutés 

De 1942 à 1944, plus de 400 Juifs ont été déportés du Vaucluse dans les camps d’extermination. Tous n’ont pas été raflés à Avignon, Orange ou Carpentras. On est aussi venu les chercher à Camaret, Vaison-la-Romaine, Mormoiron, Buoux, Saint-Saturnin-lès-Apt, Cadenet, Goult… Tous ces villages perchés du Ventoux et du Luberon qui enchantent le regard. Qui a arrêté tous ces Juifs ? Les Allemands, a-t-on prétendu, secondés parfois par la Milice. Comme si c’était si simple. Comme si l’administration française n’avait été que complice. Comme si les Allemands avaient été seuls à la manœuvre, alors qu’ils n’ont cessé de recruter, sur les ordres de Paris et de Berlin, des auxiliaires et des supplétifs pour mener la chasse.

Traquer les traqueurs de Juifs à travers les archives, telle est la tâche que se sont fixés Isaac Lewendel et Bernard Weisz. Cette recherche démarrée en 2005 conduit le lecteur sur les traces de vies criminelles jusqu’à Marseille et au-delà. On y côtoie des fonctionnaires zélés, des affairistes, des extrémistes, des SS en mission, des voyous  et des repris de justice à l’affût. On y entend aussi la voix de Juifs qui à la Libération ont témoigné.

De l’ensemble se dégage une force documentaire qui bouscule bien des idées reçues. Le rendement du dispositif policier nazi, 20 à 25 % d’arrestations, est ainsi passé au crible d’une analyse qui agit comme un révélateur. Elle relativise le rôle de l’entraide parmi tous les facteurs qui ont contribué à la survie de la majorité sans rien enlever à l’héroïsme de certains actes de solidarité.

Théâtre des Halles

Direction Alain Timar
Rue du roi René
84000 Avignon
04 90 85 52 57
contact@theatredeshalles.com

24 septembre 2013

Vichy, la pègre et les nazis - La traque des Juifs en Provence

vichyC'est un travail d'historien, de longue haleine, qu'a fourni Isaac Lewendel, avec l'aide de Bernard Weisz, pour "traquer" les traqueurs de Juifs dans la Provence entre 1942 et 1944. Cinq ans à explorer les archives régionales, à chercher, se renseigner, revenir à la charge encore et encore, et nous dresser un portrait saisissant de ce qu'était Avignon et la Provence pendant l'Occupation.

Car pas un mot n'est laissé au hasard dans cette riche enquête, tout y est appuyé par des extraits de courriers, de procés, de lettres administratives, de témoignages de Juifs à la libération...

Qui étaient-ils ce qui ont arrêté les Juifs en Vaucluse ? Des allemands, des miliciens ? Oui, mais aussi une bande de petits voyous et de grands truands de la région au service des Allemands. Car sans eux, les rafles auraient été beaucoup moins "productives".

Comme dans son premier livre, "Un hiver en Provence", Isaac Lewendel a enqueté minutieusement sur cette période noire de notre histoire, mais dans un champ plus large encore. Cette façon d'aborder l'histoire par la petite porte, par la région, nous la rend encore plus proche et plus explicite. Circuler dans les rues d'Avignon ou dans les villages alentours en imaginant tous les drames qui s'y sont déroulés à cette époque prend une autre dimension humaine.

 

Sortie tout d'abord en 2012 aux Etats-Unis, ce second livre d'Isaac Lewendel, est paru en France en mai 2013 préfacé par Serge Klarsfeld.


Auteur : Isaac Lewendel, avec Bernard Weisz - Titre : Vichy, la Pègre et les Nazis - Editions nouveau monde

4 août 2013

Faire l'amour

51GN957HaYLRécit d'une rupture, la fin d'une passion amoureuse, qui s'étire comme un serpent une nuit à Tokyo. Ecriture ciselée, élégante, pour une description rude, analytique, des sentiments. Des passages splendides, puissants. Impression d'être dans embarqué avec l'auteur, caméra au poing, dans les rues de Tokyo.

 

Extrait :

Nous nous aimions, mais nous ne nous supportions plus. Il y avait ceci, dans notre amour, que, même si nous continuions à nous faire plus de bien que de mal, le peu de mal que nous nous faisions était devenu insupportable.

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