L'incendie du Hilton

Ca peut paraître insensé un livre sur un non-événement, et c'est une très belle réussite : dès les premières pages on accepte, sans hésitation, les digressions de l'auteur, parce que c'est bien écrit, parce que c'est chaleureux finalement ce regard sur les autres. Alors on avance avec lui dans cette ville à l'envers, on y fait des rencontres, on observe, on pense ou on imagine.

A partir d'un fait divers - l'incendie de l'hôtel Hilton situé au dessus du Salon du livre à Montréal l'hiver 2008 - François Bon nous entraîne dans les labyrinthes souterrains de cette ville qui relient un immeuble à un autre, couloirs, escaliers, salles perdues, errance parmi les autres égarés, attente dans une patinoire, une gare ou au Tim Hortons, pendant 4 heures d'une étrange nuit.

De François Bon je n'avais encore lu aucun livre. Par contre, j'avais entendu ses excellentes émissions sur Bob Dylan diffusées sur France Culture, écouté pas mal d'interviews, lu des textes de lui sur son site où je trouvais aussi des articles sur ses auteurs aimés (je pense à Pierre Bergounioux). Je connaissais son engagement, je me souviens d'avoir entendu pas mal de critiques à ce propos sur un livre plus ancien,  "Daewoo". Le pas est donc franchi, et je reviendrais dans ce jardin-là.

Extrait :

Qu'elles étaient étranges, le soir venu, ces rues sous les buildings : il fallait aller loin, pour que la ville redevienne vivante. Un hall éclairé parfois donnait sur un hall brillant où attendait un vigile. Une autre fois, dans une passerelle vitrée qui surplombait haut la rue, j'avais aperçu une silhouette solitaire, qui semblait attendre (qu'y avait-il à regarder, dans cette rue à sens unique où je me hâtais ?).

Auteur : François Bon - Titre : L'incendie du Hilton - Editions Albin Michel