Vivre dans le feu

Le "vivre-écrire" de Marina Tsvetaeva est à prendre au pied de la lettre. Rarement un auteur n’a autant mêlé sa vie à l’écriture. Par "vivre-écrire" il faut entendre fusion totale de la vie intime et quotidienne et de l’écriture, et non pas vivre pour écrire qui est une approche absolument différente. Ses nombreuses correspondances sont autant de proses littéraires où elle peut dévoiler sentiments profonds et hautes envolées d’âme avec la même force que des descriptions hyperréalistes d’un quotidien écrasant pour le moins, et d’un bout à l’autre tragique.

J’ai découvert Marina Tsvetaeva à l’occasion du 1er Prix de la Petite Edition de zazieweb. Elle ne m’a depuis plus quittée. Tout d’abord, bien sûr, par ses qualités littéraires qui me touchent profondément. Mais c’est rajouté ceci : dans des périodes d’un quotidien extrêmement difficile, j’y ai trouvé les mots qui m’ont soutenue, portée. Décrire sa détresse dans la misère, sa terrible inadaptabilité à un monde, à un système d’autant plus terre-à-terre qu’il est basé sur la survie immédiate, matérielle de l’individu, et trouver malgré cela, malgré tout, la fierté de vouloir, d’avoir droit à un idéal, un absolu, ont été révélateurs de quelque chose en gestation qui piétinait et avançait aveuglement dans un labyrinthe. Marina Tsvetaeva a fait sauter le verrou et ouvert ainsi une porte : celle de l’honneur et de la fierté intimes, secrets, mais retrouvés.

"Je sens que je vous dis trop, mais trop a toujours été la mesure de mon monde intérieur".

Marina Tsvetaeva, Vivre dans le feu

Titre : Vivre dans le feu | Auteur : Marina Tsvetaeva | Editeur : Laffont | Thème : Correspondances
zazieweb :  27/06/2005