Henri Calet - "Ne me secouez pas, je suis plein de larmes."

Ce sont les derniers mots, célèbres, écrits par Henri Calet (1904-1956), à la fin de "Peau d'ours", son ultime roman inachevé. Des mots émouvants comme la douleur mais aussi le désir de vivre d'un auteur que l'on (re)découvre, et avec quel bonheur, depuis quelques années.

Le passage complet est celui-ci :

« C’est sur la peau de mon cœur que l’on trouverait des rides. Je suis déjà un peu parti, absent. Faites comme si je n’étais pas là. Ma voix ne porte plus très loin. Mourir sans savoir ce qu’est la mort, ni la vie. Il faut se quitter déjà ? Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes. »

Pour en savoir plus une petite biographie dans La république des lettres

et un très bon article dans Chronicart.com : Henri Calet & Raymond Guérin - Correspondance 1938/1955

Comments

[Sylgerm]

J'aime lire, réfléchir, commenter, les oeuvres que je lis, regarde ou écoute ( j'aime la musique, la peinture, l'architecture, même si j'ai très peu voyagé ). Oui, comme vous, j'ai plusieurs livres qui m'accompagnent à la fois. Je suis née dans un village accroché au Djurdjura en Algérie ( grande kabylie ). Je ne lis que très peu de biographie, et d'auteurs qui me sont déjà connus. La biographie, limite cruellement les possibilités d'interprétation d'une oeuvre. Je ne lis pas sous la douche. L'eau détruit le papier. Là où je suis née, les seules oeuvres disponibles, étaient les prix d'excellence scolaire. Elles circulaient dans tout le village, dans le champs limité des personnes qui savaient lire. Je ne lis que couchée. Petite, pour ne pas subir les foudres de mon père, pour qui, lire, était une perte de temps, et une depense inutile en électricité, je lisais couchée sous les couvertures, à la lumière d'une torche.

Sylgerm.

[Sylgerm]

J'aime lire, réfléchir, commenter les oeuvres que je lis, regarde ou écoute. Oui, comme vous j'ai toujours plusieurs livres sur mon chevet. Je ne lis pratiquement jamais de biographie. La biographie, limite cruellement les possibilités d'interprétation. Je ne lis qu'allongee, comme quand j'étais enfant. Pour ne pas subir les foudres de mon père, pour qui, lire était une perte de temps, je lisais couchée, la nuit, sous les couvertures, à la lumière d'une torche.

Zohra.

[Sylgerm]

A lire ce passage du roman, il est difficile de croire que l'auteur n'a pas vécu. Cette phrase conclusive, n'est elle pas le point culminant d'un cri de douleur lancé autant par l'homme que par l'écrivain, à un monde qui l'a méconnu, ignoré et déçu.

[cocoricocri]

Henri Calet m'était inconnu...je vais donc le lire.

ces petits passages de la peau d'ours me donne envie d'en savoir plus sur l'auteur.

merci de nous faire découvrir de bons auteurs.

[lireaujardin]

En faisant des crêpes, en buvant mon café ou en marchant en équilibre sur une corde... sourire...

Sous la douche, c'est exactement le passage que je viens de lire, ce que fait Ulises Lima, un des personnages principaux des "Détectives sauvages" de Roberto Bolano (excellent!), un des livres dans lequel je suis plongée en ce moment (et oui, je lis souvent plusieurs livres à la fois... sourire). Mais les livres d'Ulises Lima sont toujours humides, alors je penche personnellement plutôt pour la lecture dans le bain.

Oui, lisez Henri Calet, c'est extrêmement beau !